Une grĂšve a Ă©clatĂ© chez Tesla, le constructeur automobile notoirement antisyndical. Il nâest peut-ĂȘtre pas surprenant que la grĂšve ait lieu en SuĂšde, lâun des pays les plus syndiquĂ©s au monde. Selon la confĂ©dĂ©ration syndicale industrielle IndustriALL , il sâagit du premier conflit de travail formel dĂ©clenchĂ© contre Tesla dans le monde.
La grĂšve a Ă©tĂ© dĂ©clenchĂ©e par le syndicat industriel IF Metall . La dĂ©cision du syndicat fait suite Ă cinq annĂ©es de refus de la filiale suĂ©doise de Tesla, TM SuĂšde, de nĂ©gocier une convention collective pour ses employĂ©s dans les ateliers de rĂ©paration Ă travers le pays. Le premier prĂ©avis de grĂšve Ă©tait limitĂ© aux membres du syndicat parmi les employĂ©s de Tesla, soit environ 120 mĂ©caniciens et techniciens de service (il nây a pas dâusines Tesla en SuĂšde).
Mais aprĂšs une rĂ©union entre TM SuĂšde et IF Metall, convoquĂ©e par le Bureau national de mĂ©diation , les reprĂ©sentants de lâentreprise se sont retirĂ©s des nĂ©gociations ultĂ©rieures, invoquant la politique de lâentreprise de ne signer de conventions collectives dans aucun pays. mardi
En rĂ©ponse Ă cela, IF Metall a immĂ©diatement Ă©tendu son prĂ©avis de grĂšve Ă tous les ateliers de rĂ©paration qui entretiennent les vĂ©hicules Tesla en SuĂšde â et pas seulement aux propres ateliers de Tesla. 470 travailleurs supplĂ©mentaires dans 16 villes seront touchĂ©s lors de cette prochaine phase de grĂšve, qui dĂ©butera le 3 novembre. rd .
Ă partir de cette date, aucun membre du syndicat dans les ateliers ciblĂ©s ne sera autorisĂ© Ă effectuer des travaux sur les vĂ©hicules Tesla â y compris lâentretien, les rĂ©parations ou la prĂ©paration de nouvelles voitures pour lâexpĂ©dition aux milliers de clients qui attendent leur toute nouvelle Tesla (actuellement le premier de SuĂšde). -vente de voiture ).
Et lâentreprise dâElon Musk peut encore attendre bien plus, Ă moins quâelle ne tienne compte des revendications des syndicats. Lorsque les employeurs refusent de sâengager dans des nĂ©gociations collectives, les syndicats suĂ©dois peuvent recourir Ă des grĂšves et Ă dâautres formes dâaction revendicative. Certaines des options dont disposent les syndicats sont lâinterdiction des nouvelles embauches ou des heures supplĂ©mentaires, voire mĂȘme des grĂšves de solidaritĂ© organisĂ©es par dâautres syndicats.
Un prĂ©cĂ©dent intĂ©ressant qui donne une idĂ©e de ce Ă quoi Tesla pourrait ĂȘtre confrontĂ© sâest produit en 1995 lorsque ToysâRâUs est entrĂ© sur le marchĂ© suĂ©dois et a initialement refusĂ© de signer une convention collective avec le syndicat du commerce de dĂ©tail, HandelsanstĂ€lldas Förbund. Lâentreprise a finalement cĂ©dĂ© aprĂšs trois mois de conflits sociaux, y compris un certain nombre de grĂšves de solidaritĂ© lorsque dâautres syndicats ont bloquĂ© toutes les livraisons, la collecte des ordures, le service postal, les paiements bancaires et dâautres Ă©lĂ©ments essentiels des opĂ©rations de lâentreprise. Le conflit a mĂȘme Ă©tĂ© soutenu par les syndicats de nombreux autres pays, qui ont encouragĂ© leurs membres Ă boycotter les produits ToysâRâUs.
Bien que la grĂšve dâIF Metall concerne encore relativement peu de travailleurs, elle revĂȘt une importance capitale pour les syndicats suĂ©dois, qui y voient une mesure nĂ©cessaire pour sauvegarder le modĂšle de marchĂ© du travail tant vantĂ© du pays. Lâun des piliers institutionnels du modĂšle est que les employeurs signent des conventions collectives, gĂ©nĂ©ralement au niveau sectoriel, qui couvrent 90 pour cent de tous les salariĂ©s.
RĂ©duire les coĂ»ts de main-dâĆuvre en refusant de nĂ©gocier des conventions collectives est gĂ©nĂ©ralement considĂ©rĂ© comme une concurrence dĂ©loyale tant par les syndicats que par les employeurs. Les syndicats y voient Ă©galement un risque potentiel de pression Ă la baisse sur les salaires et les conditions de travail, susceptible de nuire aux travailleurs dâautres entreprises et, Ă long terme, de saper le modĂšle lui-mĂȘme.
Une autre caractĂ©ristique institutionnelle du modĂšle suĂ©dois rĂ©side dans le fait que les travailleurs ne sont pas le seul parti organisĂ© â les employeurs sont Ă©galement organisĂ©s au sein dâassociations dâemployeurs liĂ©es par des conventions collectives. Cela signifie que Tesla pourrait Ă©galement proposer Ă ses salariĂ©s la convention collective sectorielle en adhĂ©rant Ă la ConfĂ©dĂ©ration suĂ©doise des entreprises de transport . La confĂ©dĂ©ration patronale a informĂ© Tesla de cette option , mais en vain. En dâautres termes, la pression exercĂ©e sur Tesla pour quâelle sâadapte au modĂšle suĂ©dois ne vient pas seulement des syndicats, mais Ă©galement du cĂŽtĂ© des employeurs.
Une autre raison pour laquelle le conflit revĂȘt une telle importance pour les syndicats est le fait que Tesla est emblĂ©matique du marchĂ© en croissance rapide des vĂ©hicules Ă©lectriques. Garantir des conventions collectives pour les emplois crĂ©Ă©s dans le cadre de la transition industrielle est lâun des moyens les plus fiables de garantir que les emplois verts seront Ă©galement de bons emplois, une prĂ©occupation vitale pour les syndicats.
Mais le conflit a aussi une signification symbolique pour Tesla.
Les coĂ»ts rĂ©els dâune convention collective suĂ©doise sont nĂ©gligeables, Ă©tant donnĂ© quâelle ne concernerait quâun ou deux pour mille de ses 120 000 salariĂ©s dans le monde. Mais il se pourrait bien quâElon Musk considĂšre le prix symbolique comme beaucoup plus Ă©levĂ©. Une concession au syndicat en SuĂšde pourrait renforcer les revendications syndicales dans les pays oĂč travaillent une plus grande partie des 120 000 employĂ©s de Tesla.
En fait, les syndicats suĂ©dois ne sont pas les seuls Ă faire pression sur Tesla. Il y a quelques jours Ă peine, Bloomberg citait la prĂ©sidente nouvellement Ă©lue du puissant syndicat industriel allemand IG Metall, Christiane Benner, qui avait fait une dĂ©claration acerbe Ă lâencontre de Tesla : « Vous devez ĂȘtre prudent. Les rĂšgles du jeu sont diffĂ©rentes ici », a-t-elle dĂ©clarĂ© en rĂ©fĂ©rence aux tentatives de lâentreprise dâempĂȘcher la syndicalisation dans lâune de ses usines prĂšs de Berlin, qui compte 12 000 salariĂ©s.
Et aux Ătats-Unis, la grĂšve en cours des United Auto Workers (UAW) chez les « trois grands » constructeurs automobiles General Motors, Ford et Stellantis dure depuis prĂšs de six semaines, touchant plus de 40 000 travailleurs et gĂ©nĂ©rant des coĂ»ts dĂ©passant les 9,3 milliards de dollars, selon Forbes .
MĂȘme si Tesla nâest pas syndiquĂ©e et nâest donc pas la cible de la grĂšve, ses dirigeants surveillent probablement de prĂšs lâĂ©volution de la situation. Certains analystes boursiers et dâautres constructeurs automobiles affirment que Tesla devrait bĂ©nĂ©ficier du conflit, car ils prĂ©voient des coĂ»ts de main-dâĆuvre plus Ă©levĂ©s pour les trois grands.
Tesla contrĂŽle dĂ©jĂ environ 60 % du marchĂ© des vĂ©hicules Ă©lectriques et, selon CNN , les trois grands constructeurs automobiles de DĂ©troit paient leurs travailleurs 20 Ă 30 % de plus que le salaire horaire de Tesla de 55 $, avantages sociaux compris. Si lâUAW parvient toutefois Ă nĂ©gocier un contrat syndical attractif pour ses membres â Ford et Stellantis ont provisoirement conclu des accords prĂ©voyant des augmentations de salaire de 25 pour cent, ce Ă quoi General Motors faisait Ă©cho hier â cela pourrait Ă©galement stimuler lâintĂ©rĂȘt syndical parmi les travailleurs de Tesla. . Il est clair quâil y a un intĂ©rĂȘt. Plusieurs tentatives de lâUAW pour organiser les travailleurs de Tesla ont Ă©chouĂ©, en partie Ă cause des pratiques illĂ©gales de Tesla visant Ă freiner les efforts de syndicalisation.
Outre les dimensions Ă©conomiques, il existe des considĂ©rations politiques. Joe Biden a rejoint le piquet de grĂšve de lâUAW et il est probable que dâautres hommes politiques se rendront compte que les conventions collectives sont un Ă©lĂ©ment crucial pour garantir des emplois dĂ©cents dans le secteur en croissance rapide des vĂ©hicules Ă©lectriques.
Considérée dans le contexte de la montée des syndicats sur les marchés clés de Tesla et dans le contexte des efforts de politique climatique visant à promouvoir une transition juste, la grÚve suédoise, apparemment modeste, prend une valeur symbolique plus grande.
Pour lâinstant, lâissue de la grĂšve dâIF Metall est trĂšs incertaine. Ce qui est clair, câest que les mĂ©thodes antisyndicales utilisĂ©es par Tesla aux Ătats-Unis ne seront pas tolĂ©rĂ©es en SuĂšde. IF Metall nâaurait pas pris le risque de dĂ©fier Tesla Ă moins dâĂȘtre trĂšs motivĂ© et dâavoir soigneusement Ă©tudiĂ© ses options. Comme lâa soulignĂ© Atle HĂžie , secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral dâIndustriALL, une confĂ©dĂ©ration syndicale industrielle reprĂ©sentant 50 millions de travailleurs dans 140 pays : « Le modĂšle Ă©conomique dâElon Musk consiste Ă Ă©viter de respecter les droits de lâhomme. Il est dĂ©sormais engagĂ© par lâun de nos syndicats les plus puissants. Nous devons vaincre le modĂšle Ă©conomique de Tesla, et la SuĂšde est le meilleur point de dĂ©part. »
En la moitiĂ© sud des Ătats-Unis, les syndicats nâont pas la mĂȘme prĂ©sence que la nord, qui sont eux-mĂȘme maigre comparĂ© aux Canada y Europe.
AprĂšs la succĂšs de UAW, sa peut changer avec les temps.
on parlera prochainement de âdĂ©sert syndicalâ, ça câest sĂ»r. parmi les symptĂŽmes clĂ© du capitalisme en phase terminale serait lâextinction dâun tel dĂ©sert. Sinon le sol est dĂ©jĂą verdoyĂ© du cĂŽtĂ© scandinave. tant Ă apprendre de ces vikings!