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    Je sais pas si sans les liens et les commentaires auxquelles ces info complémentaires répondent la lecture soit très digeste. Les mentions de Luc Ferry et des chroniques (récentes et moins récente) au Figaro étaient pour illustrer le propos

    L’autoritarisme présumé de mouvements (très divers) écologiques qui cherchent des modes d’organisations qui prennent en comptent les limites biogéochimiques de nos milieu de vie par un complotisme qui refusent de considérer ces problématiques ce n’est pas nouveau

    Le discours climato-sceptique : une rhétorique réactionnaire | cairn.info 2013

    À la catastrophe à venir, les contempteurs de la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre opposent un autre type de péril. Ils assimilent ses partisans aux fourriers du totalitarisme. Luc Ferry est un des premiers à avoir rapproché écologisme et totalitarisme. Dans Le nouvel ordre écologique, sans faire d’amalgame, il suggère une proximité entre écologisme et nazisme en signalant que le nazisme avait promulgué des lois de protection de la nature et des animaux. Il en conclut que l’écologisme est contraire à l’humanisme occidental, que par sa victoire, « c’est le monde de l’esprit tout entier qu’il mettrait en péril » (Ferry, 1992, p. 275). Cependant, pour ne pas passer pour un irresponsable, il appelle de ses vœux une écologie nouvelle, humaniste, passant par profits et pertes les tentatives existantes. Il s’agit là d’une caractéristique de la rhétorique réactionnaire : elle ne s’attaque pas frontalement au principe, elle lui concède parfois un certain bien-fondé, mais pour mieux pourfendre toute déclinaison concrète.

    Plutôt que la reductio ad Hitlerum, les climato-sceptiques préfèrent de nos jours le rapprochement avec le communisme. « Les écologistes français sont pour la plupart des “pastèques”, verts dehors, rouges dedans » (Gérondeau, 2009, p. 229). « Anciens rouges » (Gérondeau, 2009, p. 174), « ils ont conservé de la pratique communiste […] le caractère non démocratique – de facto, totalitaire – de la démarche » (Allègre, 2010, p. 223). « Khmers verts » (Ferry, 2011), ils veulent imposer leur volonté aux autres et faire le bonheur des gens malgré eux. Les réformes qu’ils souhaitent conduisent tout droit à « une société totalitaire, encadrée par des taxes et des interdictions à gogo » (Allègre, 2010, p. 32). Cet argumentaire participe en fait de la rhétorique de la mise en péril (Hirschman, 1991, chap. 4) : les opposants à une réforme la présentent comme une menace envers ce qui constitue le cœur des sociétés occidentales, à savoir la liberté et la démocratie. Classique depuis La route de la servitude de Hayek, l’argument fait toujours florès aux États-Unis où les Tea parties comparent Obama à Hitler pour avoir voulu instaurer un système de protection sociale. Cette figure passe, dans notre exemple, par un rapprochement martelé entre Verts et Rouges – ce qui montre que, même après son effondrement, le communisme est toujours un repoussoir efficace.Ces attaques outrancières conduisent en retour les écologistes à une forme d’angélisme. Bien loin de mettre en péril la civilisation occidentale, la politique climatique serait enfin l’occasion de relancer la croissance, de renforcer la démocratie, d’assurer la justice sociale… Les accents sont exaltés : le développement soutenable est « une clé de la croissance et de l’emploi ; c’est une clé pour un monde plus sûr et plus juste ; c’est une clé pour une Europe tolérante et contrastée » (Jouanno, 2010).Nul doute qu’Hirschman y aurait retrouvé la « chimère de la synergie » (Hirschman, 1991, p. 243). De nombreux discours sur le développement durable ne font que décrire cette chimère, ils tirent leur force de leur propos consensuel. Que reprocher à une politique climatique qui « constituera une formidable opportunité pour engager nos sociétés et nos économies vers l’innovation, la sobriété en ressources et la création d’emplois qualifiés et non délocalisables dans tous les secteurs » ? (Besset et al., 2009).À un moindre niveau, certains arguments de Nicholas Stern, développés dans sa leçon inaugurale du 4 février 2010 au Collège de France, tombent aussi dans l’illusion de la synergie. Pour lui, la lutte contre le changement climatique apportera à terme une énergie abondante, peu chère et non polluante ; pour cette raison, elle doit être entreprise malgré l’incertitude, de par ses retombées positives. Si on ne peut exclure des phénomènes de double dividende de ce type, on ne saurait avoir dans chaque situation, selon le dicton, le beurre et l’argent du beurre. Faire croire que les rêves les plus fous se réaliseront engendre des déceptions.La classification par Hirschman de la rhétorique réactionnaire apparaît toujours pertinente pour analyser les arguments du refus des politiques climatiques. Cette nouvelle « réaction » diffère cependant en certains points des réactions qui constituaient le matériau d’Hirschman.Dans la rhétorique réactionnaire traditionnelle, l’argument de l’effet pervers et celui de l’inanité sont contradictoires. Selon le premier argument, la réforme a un effet contraire au but recherché ; selon le second, elle n’a pas d’effet du tout. Hirschman soulignait que les arguments ne pouvaient donc être employés en même temps. Dans la rhétorique climato-sceptique, il n’y a plus contradiction. Si l’inanité frappe toujours la réforme proposée dans le domaine de ses buts, c’est-à-dire le domaine environnemental, l’effet n’est pas pervers stricto sensu mais affecte un domaine distinct de celui visé par la réforme. Il ne s’oppose plus directement aux buts environnementaux, mais développe ses conséquences néfastes dans un autre domaine, le plus souvent économique. Il devient ainsi possible d’associer inanité sur le plan environnemental et effets désastreux sur le plan économique. La rhétorique réactionnaire climato-sceptique complète de manière typique ce doublet par la mise en péril sur le plan politique. Quant à la rhétorique écologique, elle reprend la forme du péril imminent pour établir un diagnostic catastrophiste, lequel justifie la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre. Cette lutte apporterait des bénéfices dans des domaines annexes : l’argument des cobénéfices a la forme de la chimère de la synergie. La rhétorique écologiste repose avant tout sur ces deux arguments, mais elle les englobe parfois dans une perspective quasi eschatologiste, qui fait de la lutte contre le changement climatique, une étape nécessaire de la progression de l’humanité.

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      1 year ago

      Autre papier scientifique (2021) sur le sujet : Le climatoscepticisme : une approche interdiscursive, Renaud Hourcade et Albin Wagener

      Il nous semble qu’adopter ce regard éclaire certains ressorts sociolinguistiques du climatoscepticisme, en dessinant les contours d’un espace dialogique élargi de ce phénomène. Ce prisme fait ressortir un point saillant : le solide ancrage et les multiples résonances des contre-discours climatiques au sein d’un univers discursif davantage articulé par une idéologie politique et un système de valeurs que par le souci de produire une critique scientifique raisonnée des connaissances climatiques. Selon les contextes nationaux, ces idéologies matricielles peuvent connaître des nuances et des degrés différents de polarisation. Elles varient aussi selon les groupes et les individus (Godard, 2012). Mais ces nuances n’empêchent pas de leur reconnaître un mécanisme commun : la perception des politiques climatiques et du consensus international qui les sous-tend comme une menace majeure, pesant sur des valeurs ressenties comme essentielles. Mesurer les résonances interdiscursives du climatoscepticisme permet de comprendre en quoi cette menace s’articule à d’autres sources d’inquiétude, comme le véganisme pour les consommateurs et producteurs de viande ou l’Union européenne pour les Brexiters, et de mesurer l’effet de cette articulation sur la circulation des discours. Une telle démarche, espérons-nous, pourra contribuer à expliquer le succès social d’une thèse pourtant battue en brèche dans le champ scientifique et par les sections dominantes du monde médiatique et politique – ce qui est précisément l’un des terreaux de son succès.(…) (…) Ainsi donc, les contributions du présent numéro de la revue Mots. Les langages du politique permettent de mettre en lumière plusieurs caractéristiques du climatoscepticisme. Tout d’abord, il peut apparaître dans bien des discours sans y occuper une place centrale. Il y joue un rôle d’argumentaire complémentaire ou connexe, qui entre en résonance avec l’idéologie qui irrigue les énoncés des locutrices et des locuteurs. Mis en scène comme un ajout argumentatif, le climatoscepticisme semble voué à ce rôle secondaire, peut-être en raison du fait que le consensus concernant le climat semble ne plus laisser de réelle place à l’expression du doute, en dehors des rares groupes qui s’en sont fait une spécialité militante. Le second enseignement, et non des moindres, indique que le climatoscepticisme est susceptible de s’inviter dans un nombre apparemment assez varié de thématiques. Mobilisé sous la forme de fragments discursifs climatosceptiques, il peut être associé à une grande diversité de sujets de société – qu’il s’agisse de nos assiettes, de débats politiques nationaux, d’innovation technologique ou de productions de presse ou de réseaux sociaux. En d’autres termes, peu importent les dispositifs et les sujets : puisque le changement climatique est précisément un phénomène systémique qui questionne l’ensemble de nos modes de vie et choix de société, le climatoscepticisme se retrouve, en retour, mobilisé pour accompagner une pluralité de prises de position. D’une certaine façon, les fragments de discours climatosceptiques peuvent être analysés comme autant de poches de résistance anthropologique, culturelle et sociale, face à un phénomène qui interroge l’intégralité de notre rapport au monde et aux autres. Dans une certaine mesure, ces fragments discursifs climatosceptiques sont autant d’indices que l’urgence climatique est bel et bien perçue par toutes et tous, en lien avec un nombre indéterminable de sujets et de thématiques, et que cette prise en compte est ressentie comme menaçante par bon nombre de citoyennes et de citoyens. Elle est ressentie comme telle, car elle impose à toutes et à tous une prise de conscience rapide, des actions dans l’urgence, et surtout des renoncements considérables auxquels il peut être particulièrement difficile de s’affronter (Norgaard, 2011). Cela étant dit, les discours climatosceptiques ne doivent pas être uniquement considérés comme un phénomène anthropologique spontané d’autodéfense ; comme nous l’avons souligné, ils ont été et demeurent largement nourris par des groupes d’intérêt économiques, politiques et financiers, qui ont pour objectif de préserver leur domination et qui entretiennent dans ce but un double mouvement de mésinformation et de politisation

    • Camus [il/lui]OP
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      1 year ago

      Je sais pas si sans les liens et les commentaires auxquelles ces info complémentaires répondent la lecture soit très digeste. Les mentions de Luc Ferry et des chroniques (récentes et moins récente) au Figaro étaient pour illustrer le propos

      Disons qu’au moins l’info est là si ça intéresse des gens