Version originale disponible sur Gallica

Au détour de mes pérégrinations sur Gallica, je suis tombé sur cette carte d’un fjord islandais. Après quelques recherches, j’ai trouvé l’endroit cartographié : il s’agit du Norðfjarðarflói (baie du Norðfjörður) qui se trouve aux débouchés du Norðurfjörður, de l’Hellisfjörður et du Víðfjörður.

Le plan a été réalisé par le lieutenant de vaisseau Launay à bord de la goëlette L’Agile en juin 1858. Difficile de trouver des détails sur ce bateau ou M. Launay, n’étant pas habitué aux moteurs de recherche du service historique de la Défense. J’en trouve une première trace en 1806, et une dernière en 1889 sans être bien sûr que les deux correspondent.

La description des de la baie est assez détaillée, je la reproduis ici :

C’est un des havres de la Côte Est où l’on entre le plus facilement. Il n’y a pas un seul danger en dedans d’une encablure. Par calme ou temps de brume, on peut mouiller à l’entrée du Fiord par de bons fonds à deux encablures de la côte.
On mouille dans Nord-Fiord à une encablure du rivage.
Il est indispensable d’avoir une bonne amarre à terre sur une ancre ou sur un rocher. On est exposé à de violents grains blancs contre lesquels les grands navires surtout ne sauraient trop prendre de précautions.
Les baies de Hellis-Fiord & et de Vid-Fiord sont trop ouvertes à la houle du large, pour que l’on puisse y trouver un mouillage assuré, quoique la terre soit très bonne, tout à fait au fond.
Le Courant de flôt qui se dirige du Nord ou Sud le long de la Cote [sic], entre dans Nord-Fiord en suivant les deux bords. Il est très fort sur la Côte Est, et atteint quatre nœuds dans les grandes marées.
En louvoyant pour entrer, il faut passer au large de la Pointe Horn-Nœs, & se tenir sur la Côte Ouest du Fiord.

La qualité du relevé est excellente, en tout cas en ce qui concerne les côtes. La comparaison avec l’image satellite montre que M. Launay n’a pas à rougir de son travail !

Quelques curiosités à remarquer :

• Sur les falaises à l’Est du fjord, il est précisé “Falaises Rouges élevées, visibles de très loin dans le Nord”. Cette prise de vue StreetView montre que c’est bien le cas !
• Le village juste au Sud de ces falaises appelé Barðatange a perduré sous la forme d’une refuge appelé Barðsnes si j’en crois OpenStreetMap. Les autres villages ont soit disparu, soit vu leur nom changer.
• De nos jours, la ville de Neskaupstaður (située au niveau de l’inscription Husuvah) est accessible facilement par la route grâce à un tunnel. Mais jusqu’en 1949, on ne pouvait y aller qu’en bâteau. La route ouverte alors passait par le col d’Oddskarð, avant qu’en 1977 un premier tunnel soit ouvert juste à côté. Mais l’accès était toujours compliqué et avec une seule voie dans le tunnel. Ce n’est qu’en 2017 qu’un tunnel de 7km a été percé pour faciliter définitivement l’accès à la ville.