Ils sont des témoins visuels significatifs sur le littoral Atlantique. Les blockhaus de la Seconde Guerre mondiale ont été construits au cœur des dunes, tournés vers l’océan. Sur la plage de l’Horizon à Lège-Cap-Ferret (Gironde), l’un d’eux est désormais posé sur le sable au milieu des vacanciers. L’été dernier, il était au pied de la dune… qui a reculé de quinze mètres en un an. Lège-Cap-Ferret est l’une des communes du littoral Atlantique les plus frappées par l’érosion l’hiver dernier, le troisième plus érosif des quinze dernières années (date du début des relevés).

« 180 des 360 km de côte dunaire suivis avec les techniciens de l’ONF (Office national des forêts) en Nouvelle-Aquitaine ont été touchés », explique Nicolas Bernon, ingénieur en risque côtier à l’Observatoire du Littoral. « En Gironde, c’est 65 % du cordon dunaire. L’hiver a été marqué par deux grosses périodes de houle. Les tempêtes Aline, Céline, Ciaran et Domingos se sont succédé à l’automne. En février, la tempête Karlotta, qui est l’événement le plus impactant de l’hiver, est arrivée sur un littoral déjà dégradé. »

« Ça me coûte au moins 300 000 euros par an »

Sur la commune de la presqu’île, les stratégies de défense sont différentes. La partie océan est gérée par la mairie, les collectivités et les organismes publics. « La moitié de Lège-Cap-Ferret va disparaître mais on ne sait pas quand : dans cinquante, cent ou cent cinquante ans », concède Gabriel Marly.

Cet élu, adjoint à la mairie à l’urbanisme, au logement et à la gestion du trait de côte, aujourd’hui retraité, est né et a grandi ici. « Nous gérons l’érosion à travers la SLGBC (Stratégie Locale de Gestion de la Bande Côtière). Côté océan, des protections sont installées sur la dune avec des brandes pour ralentir son recul. À la plage de l’Horizon cet hiver, la gare du petit train, le poste de secours, la vigie avancée et l’héliport ont été reculés. L’avenue de l’Océan qui nous amène à la plage a été fermée à la circulation. »

La protection de la pointe et du secteur intérieur du Cap Ferret, côté estuaire, revient, elle, aux propriétaires de la zone des « 44 hectares ». Chacun paie les travaux de protection devant sa propriété. C’est le cas de Benoît Bartherotte, homme d’affaires français, qui possède depuis 1985 un domaine à Lège-Cap-Ferret où il a fait faire d’importants travaux qui ont défrayé la chronique à l’époque en construisant sans permis une digue longue de 500 m pour lutter contre l’érosion. « Cet hiver, on a fait remonter 62 000 m3 de sable pour la consolider et la protéger », détaille celui qui a fondé l’ADPCF (Association de Défense de la Pointe du Cap-Ferret). « Ça me coûte au moins 300 000 euros par an. Sans ça, la pointe aurait reculé de 10 km. »

Olivier Lafitte, qui gère le restaurant Chez Hortense avec son frère Pierre, témoigne également : « Mon arrière-grand-mère Hortense a acheté le terrain au bord de l’eau en 1935. Aujourd’hui, ça a reculé de 200 m », décrit-il, photo de l’époque à la main. « C’est l’urbanisation du bassin d’Arcachon au début du XXe siècle qui a orienté le courant vers la pointe du Cap Ferret. En trente ou quarante ans, le Ferret a perdu un kilomètre. » Pour ces deux propriétaires de la pointe, l’origine du problème est « anthropique ». Autrement dit dû à l’activité humaine.

  • leftascenter@jlai.lu
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    1 month ago

    Ils ont construit sur un banc de sable 🤯.

    A un moment, faut aussi admettre que construire autre chose que des cabanes de pêcheur sur une dune ou un banc de sable, c’est quand même très con si tu fais ça autrement qu’en mode néerlandais, poldermodel inclus.

  • inlandempire@jlai.lu
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    1 month ago

    Le pire c’est que ça dure depuis longtemps, y’a des blockhaus qui sont déjà à moitié sous l’eau à marée haute