Je me disais que ça pourrait être cool d’avoir un espace pour pouvoir discuter narration, est-ce qu’il y en a des francophones ? Est-ce qu’il a d’autres auteurs ici, est-ce que ça les intéresserait ?
Ping-ponger des idées, parler de concepts ou s’interroger sur comment faire les choses ?
Oui j’ai pensé à contacter l’admin pour voir, mais il était tard, et j’étais fatigué.
Coucou !
J’écris beaucoup ces dernières années, différents projets (roman, nouvelles, microfictions), mais je ne suis pas un “auteur” publié (en licence libre de toute façon, c’est compliqué…)
Si personne d’autre ne crée de commu “écriture” je pourrais toujours faire un fil épinglé pour discuter de ce sujet sur [email protected] . En ce moment d’ailleurs je passe par plusieurs cycles de Béta-lecture sur des forums spécialisés, c’est éprouvant mais c’est super intéressant d’avoir des critiques d’inconnu⋅es sur ses écrits !
Sinon dans tous les cas n’hésite pas à venir poster tes créations, tes extraits, ou écrire quelques lignes dans le carnet libre.
Courage dans ta démarche!
Merci !
Je voulais pas forcément dire auteur publié, crois-moi Bein que j’accorde d’autant moins de valeur au badge “edité par un vrai éditeur” que c’est mon cas.
Ah oui, gros baptême du feu. J’imagine que pour de l’écrit ça peut le faire pour parler de la forme. Sur le fond j’ai un peu de mal, c’est compliqué de réussir à parler correctement de narration quand les gens en face ont pas de référence commune ou que tu ne sais pas ce qu’ils aiment faire. Ça peut vite tourner en rond quand tu es fondamentalement pas d’accord sur ce que doit être une histoire ahah
Tout à fait. Surtout que des Béta-Lecture peuvent donner des avis contradictoires, donc à un moment il faut faire des choix. Mais globalement moi ça m’aide à voir les parties trop chargées en infos, pas assez claires, ou qui cassent le rythme. Et surtout de voir ce que les gens comprennent ou s’inventent avec quelques détails (c’est fou comme la compréhension d’un sous-entendu peut être radicalement différente d’une personne à l’autre).
Dans mon cas, les sujets qu peuvent tourner en rond, ça va être les grands débats sur les “changements de focalisation”, où j’ai vraiment l’impression qu’on rentre dans des habitudes et des traditions liées à des genres littéraires bien ancrés. C’est aussi très intéressant d’y réfléchir, mais les gens ont beaucoup tendance à vouloir retrouver leurs habitudes plutôt que d’être curieux⋅ses.
Toi c’est quoi les effets ou procédés de narration sur lesquels tu n’as pas envie d’être remis(e) en question par exemple ?
Oui ! Plus j’avance, plus je me dis que c’est une force. En SF par exemple, avoir un high concept fort dont les détails ne sont pas trop expliqués permet au lecteur de faire le boulot de World Building pour toi. Je pense a Silo en disant ça, dont le premier tome donne aucune info et le seconde retropédale PENIBLEMENT pour donner des infos et est très décevant.
Tu peux étayer le concept de “changement de focalisation” ?
Globalement je te rejoins sur le “si c’est pas clair, c’est raté” donc j’irai jamais me taper là dessus, si mon intention est pas comprise, si ma ligne temporelle est pas clair etc… Si j’y tiens je dois mieux le bosser, si j’y arrive pas, c’est poubelle.
Le truc contre lequel je me tape (entre autre) avec les éditeurs c’est le fait de confondre conflit et intensité. Culturellement en occident, nos récits reposent sur des conflits grandiloquente et des climax liés aux dits conflits. C’est très dur de faire comprendre que tu peux véhiculer des émotions intenses SANS combat final. C’est là où il faut trouver des personnes un peu ouvertes qui sont prête à bosser dans ton sens et pas essayer de te faire te calquer sur ce qui se fait habituellement.
J’avais par exemple un récit qui se passait sur un vaisseau générationel, l’idée c’était de voir les crises existentielles de plusieurs persos alors qu’ils allaient passer leur vie sur ce vaisseau, un éditeur m’avait dit “et si une IA méchante essayait de tous les tuer ???” Ahem.
Par exemple, très concrètement, dans deux passages de narration différents du même récit, une béta-lecture me fera ressortir que la narration parle d’abord d’un point de vue omniscient puis que la narration semble parler du point de vue intérieur d’un⋅e des personnages. Et ces changements perturbent beaucoup certaines personnes, qui sont habituées à un certain type figé de focalisation pendant la narration. Pour moi c’est juste une histoire d’habitudes de lecture, dans lesquelles on s’enferment un peu.
Ça se voit quand quelqu’un essaie, dans un sujet de discussion ouvert sur forum de BL, de faire valoir que dans la littérature “blanche” (je déteste cette appellation), la narration peut être ambiguë et libre dans sa focalisation, et peut même permettre à l’auteur de donner son avis. Là il y a toujours une autre personne pour dire que “dans la SF on ne fait pas comme ça”…
Ha ha… non mais je crois que déjà on part de loin en France. Chez nous il faut des années avant que les éditeurs/producteurs arrivent à se dire qu’on peut faire des choses un peu différentes (c’est à dire sans marché clairment identifié), alors que c’est peut-être déjà en train de se faire ailleurs (Becky Chambers fait bien du space opéra “cosy” depuis des années elle…). Et sans un gros succès commercial pour amorcer des nouveaux genres, on peut rester longtemps dans les vieilles mécaniques narratives et thématiques.
Ah oui c’est des débat que je ne connais pas puisque je ne suis pas dans l’écrit-écrit.
Totalement, et globalement les gens ont tendance à être bien sectaires sur la Littérature. J’ai des potes qui sont outrés des romans écrits au présent. Moi mon point de vue c’est que tant que c’est clair et que ça raconte quelque chose d’intéressant, tu fais bien ce que tu veux.
Cette pauvre SF qui se fait mettre dans des petites cases. C’est vraiment dur. Effectivement tu cites Chambers qui a vraiment réussi à faire shifter un truc dans le discours sur la SF, je trouve. Ce genre de démarche commence à être un peu plus compréhensible pour le public, et je lui en suis assez reconnaissant.
Il y a effectivement un gros problème de marché et des attentes de éditeurs. Il faut un truc facilement identifiable pour pouvoir le vendre. Je fais de la SF, mais pas du pew-pew-boom-boom et plutôt tranche de vie. Et la tranche de vie si c’est pas un truc markété en mode “le récit de ma dépression dans ma vie parisienne” ou “le quotidien de ma famille rigolote, hihi” ils en veulent pas.
Surtout chez nous, où on a sacralisé LA Littérature tout en apprenant dès l’école que les “genres” c’était de la sous-culture…
Ben Moi les romans écrits systématiquement au passé simple pour faire Littéraire ou historique ou Fantasy, je trouve ça lourd :D
Voila, c’est bien résumé.
Et ça te dirait pas d’écrire des formes (très) courtes et de les poster en licence libre sur !microfictions ?
T’inquiètes, j’y pense, j’y pense ! J’ai tellement l’habitude d’écrire des pavés que c’est un exercice difficile. J’en suis a essayer de formuler ça en théorie, pour trouver une structure qui est adéquate. En écrivant je me rend compte qu’un formule très simple comme le kishôtenketsu est plutôt appropriée.